Rahel Wyss, HAFL (Haute école spécialisée bernoise des sciences agricoles, forestières et alimentaires)
Comment les ressources disponibles pour la coopération au développement peuvent-elles être utilisées de la manière la plus utile et la plus durable pour les populations des pays en développement?
Les organismes de mise en œuvre ont déployé beaucoup d’efforts pour montrer leurs résultats aux donateurs. Impact assessment n’est pas un nouveau terme, mais les gouvernements et les bailleurs de fonds souhaitent des preuves plus claires et des résultats tangibles de leurs investissements dans le développement de projets.
D’autre part, les voix s’élèvent contre une analyse sophistiquée des effets des projets de développement : Devrions-nous vraiment parler de « rentabilité dans la coopération au développement »? N’est-ce pas un acte dangereux qui tend à exclure les plus pauvres? Mon étude Bachelor Field vise à identifier les effets des investissements dans deux types d’infrastructures à petite échelle (canal d’irrigation et système d’approvisionnement en eau potable) dans les zones rurales du Vietnam, en élaborant une analyse coûts-avantages au niveau local.
Ma tâche dans le projet
Pendant cinq mois, j’ai été membre de l’équipe Helvetas Swiss Intercooperation au Vietnam. Le programme dans lequel j’ai travaillé est appelé Programme d’amélioration de la prestation des services publics dans l’agriculture et le développement rural (PS-ARD). PS-ARD contribue à l’amélioration des moyens de subsistance dans les zones montagneuses et ethniques minoritaires des provinces de Hoa Binh et Cao Bang au Vietnam rural en termes de forte>sécurité alimentaire, de réduction de la pauvreté et de durabilité environnementale.
Ma tâche était d’améliorer les connaissances sur les coûts et les avantages des infrastructures à petite échelle dans le développement rural au niveau local. Pour ce faire, une enquête a été menée auprès des agriculteurs pour les interroger sur les changements dans leurs coûts et les avantages qu’ils ont connus en raison de la nouvelle infrastructure (avant et après la comparaison). Nous avons eu un total d’environ 40 entrevues avec les ménages, plusieurs groupes de discussion et des entrevues avec chaque chef de village.
Les résultats des travaux sur le terrain
Un canal d’irrigation et plusieurs systèmesd’alimentation en eau propre ont été analysés dans le cadre de l’étude. Le coût du matériel est payé par le programme; la construction elle-même (coût de la main-d’œuvre) est effectuée par la communauté. L’étude montre que l’extension du fort>canal d’irrigation/fort> contribue à un approvisionnement accru en eau dans les rizières des agriculteurs. Cela permet une utilisation plus efficace des engrais et conduit à des rendements forts>plus élevés.
Dans le même temps, les agriculteurs sont mis à l’abri du travail parce que le labourage et la plantation deviennent plus faciles avec des champs humides. Mais tous les bénéficiaires ne peuvent pas en bénéficier dans la même mesure. C’est en partie dû au fait que tous les champs ne sont pas dans la même position favorable (plus les champs sont proches de la source, plus il y a d’eau disponible).
La construction d’un système d’approvisionnement en eau propre repose sur trois raisons principales : la disponibilité, la quantité et la qualité de l’eau des ménages. Les femmes n’ont plus besoin d’aller chercher l’eau quotidienne d’une source lointaine. Cela signifie un soulagement quotidien du travail pour eux en termes de charge de travail et de temps économisé. La disponibilité et la quantité ont pu être améliorées dans toutes les infrastructures analysées (n=6), mais la qualité de l’eau n’était pas satisfaisante pour les habitants de tous les sites.
Ces investissements dans le cadre du projet PS-ARD ont apporté des avantages mesurables aux communautés locales et les infrastructures analysées contribuent clairement à améliorer les moyens de subsistance en termes de revenus, de sécurité alimentaire et de santé des communautés locales. Les deux types d’infrastructures entraînent des avantages différents, mais nous avons des environnements, des moyens de subsistance et des nécessités différents.
Potentiel de l’analyse économique (ACA)
Une forte>analyse coûts-avantages (ACA) n’est pas un outil pour travailler sur des sujets transversaux comme la pauvreté ou les questions de genre. Il demeure économique et repose sur des chiffres tirés d’enquêtes ou d’hypothèses. L’ACA aide à trouver des possibilités d’améliorer les activités du projet et de les rendre plus efficientes, mais la valeur actualisée nette (VAN) ou le taux de rendement interne ne devrait pas être le facteur déterminant de la coopération au développement s’il vaut la peine d’investir dans une infrastructure ou non.
Avec l’aide d’une forte>analyse de sensibilité, un ACA donne un aperçu des effets individuels et agrégés, fournit un cadre pour peser les effets les uns avec les autres, pour communiquer et expliquer clairement pourquoi les résultats sont présentés, ouvre la discussion entre les intervenants et les décideurs;
Toutefois, l’étude sur le terrain ne doit pas exclure les problèmes transversaux. Par exemple, les questions sur qui fait le travail dans le champ de riz avant et après la construction de la nouvelle infrastructure sont précieuses. En tant que tel, les changements socio-économiques dus à l’investissement peuvent également être retracés.
Réflexion personnelle
Ce que j’ai appris personnellement dans cette étude de terrain, c’est à quel point il est important d’avoir une attitude forte>flexible/forte> en général. Si les choses sur le terrain semblent très différentes de ce qu’elles sont du point de vue du bureau, cela ne devrait pas nuire aux chercheurs qui essaient de tirer le meilleur parti de la situation. Mais il faut trouver l’équilibre entre vouloir s’en tenir à ses propres idées et rester ouvert aux changements en même temps.
Il m’était parfois difficile de ressentir les attentes élevées des gens locaux en moi. Lorsque les ONG viennent sur le terrain, il arrive souvent que quelque chose change; du moins, c’était comme cela dans le passé. Certains investissements ont été faits dans des réservoirs d’eau ou des canaux. Ma tâche était seulement de les remettre en question, il n’y aura pas besoin d’un nouvel investissement après ma visite. Donc peut-être que cela a déçu les gens. Mais ils ont quand même agi de façon très amicale et intéressée par ce que je fais et beaucoup d’agriculteurs étaient désireux de prendre part à la présentation de suivi de mes résultats dans la commune. Photo 1 : Canal d’irrigation dans un champ de riz à Hoa Binh provincePhoto 2 : Collaboration avec les membres de la collectivité sur les systèmes d’approvisionnement en eau à Cao Bang
Ce blog est un résumé de l’article publié dans la lettre d’information de l’Organisation mondiale des agriculteurs de mai 2013, avec le nom éponyme, p.20.